Tuesday, June 11, 2013

SHIN JIN MEI : une Excellente traduction.

A ma connaissance la meilleure traduction du Shin Jin Mei de Maitre Sosan

Hsin Hsin Ming - SHIN JIN MEI

La Voie n’est pas difficile pour ceux qui sont sans attente. Quand les sentiments d’amour et de haine sont absents, tout devient clair et limpide. Dès qu’il se crée dans l’esprit, ne serait-ce qu’un semblant de jugement, une distance infinie sépare le ciel de la terre. Si nous souhaitons voir la vérité, n’entretenons pas le jugement. S’établir dans un combat du vrai contre le faux aboutit inévitablement à l’affection de l’esprit. Aussi longtemps que le sens profond des choses n’est pas compris, vouloir pacifier son esprit est chose vaine.

La Voie est aussi parfaite que le cosmos, sans superflu ni carence. C’est notre volonté intransigeante de suivre nos propres penchants qui nous empêche de voir la vraie nature des choses. En mourant à soi-même, par l’oubli de soi-même, nous trouverons la sérénité et la paix de l’unité . Si nous voulons arrêter toutes activités pour réaliser la tranquillité, tous nos efforts produiront de l’agitation. Tant que nous sommes

Hors de la Voie, les mérites contenus dans l’activité, la passivité, l’approbation et le déni sont perdus. Nier la réalité, c’est s’y embourber, courir après la vacuité c’est s’en éloigner. Plus nous l’analysons et plus nous discourons à son sujet, plus nous nous éloignons de la vérité Tout est simple si nous arrêtons de discourir sur tout et d’analyser tout. Retourner à la racine, c’est s’accorder avec le sens, courir après les civilités, c’est perdre l’Origine. Si nous parvenons à l’illumination, même un instant alors civilité et vacuité sont transcendées. Par notre ignorance, les phénomènes qui nous semblent provenir du monde de la vacuité nous paraissent réels. Il est inutile de rechercher le vrai, contentons-nous seulement de ne pas avoir de préjugés.

N’entretenons pas la dualité en cultivant nos préjugés. Si en nous demeure, ne serait-ce qu’une infime notion de juste et de faux, de bien et de mal, alors notre esprit s’enlise dans la confusion. A l’origine de la dualité il y a l’UN et pourtant il faudra ne pas nous y attacher. Dans la Voie, quand l’esprit demeure dans la tranquillité, les dix milles dharmas inoffensifs ne nous touchent plus et alors le changement se produit.

Quand vient le temps de la pensée NON_DISCRIMINANTE, le vieil esprit meurt. L’objet et le sujet disparaissent conjointement. Lorsque l’esprit s’efface, les objets s’effacent aussi. Il y a objet parce qu’il y a sujet ou esprit. L’esprit devient sujet parce qu’il y a l’objet . Si nous voulons comprendre la relativité du sujet et de l’objet, nous devons convenir que les deux sont vacuité. Dans la vacuité les deux sont sans caractéristique propre et contiennent chacun le monde dans sa totalité. En ne faisant pas de différence entre le grossier et le subtil, nous évitons l’aveuglement et le sectarisme.

Cheminer dans la Voie véritable, n’est ni facile, ni difficile. Mais ceux qui ont un esprit bien arrêté sont contaminés par la crainte et le doute. Croyant être en mesure de brûler les étapes, finalement ils finissent par se traîner. L’attachement ne connaît aucune mesure. S’attacher à l’illumination, c’est aussi s’égarer. Laissons les choses advenir et les agitations cesseront d’elles-mêmes.Conformons-nous à la nature des choses , dans ces conditions nous cheminerons tranquille et libre. Quand l’esprit est sous influence, la vérité est bafouée par l’obscurantisme. La fâcheuse tendance à devoir porter un jugement sur tout entraîne ennui et lassitude. Quels avantages tirons-nous en établissant des catégories ?

Si nous désirons cheminer sur la voie de la NON_DUALITE, il n’y aucune raison de détester le monde des sens , ni le monde de l’esprit. Les accepter véritablement peut se comparer à l’illumination. L’homme de sagesse ne poursuit aucun but, alors que l’idiot s’enchaîne lui-même. Il y a un seul Dharma, pas plusieurs. Les qualificatifs naissent du besoin d’attachement des ignorants. Chercher l’esprit avec un esprit purement analytique, n’est-ce pas là une erreur grossière ?

L’illusion produit autant la tranquillité que la confusion. Prenons-en conscience sans penser à bien ou à mal. Toutes dualités résultent de déductions faites sous l’influence de l’ignorance. Elles sont semblables à des rêves, à des spectres et à des fleurs de vacuité. Pourquoi devrions-nous nous escrimer à vouloir les saisir ? Gain et perte, vrai et faux, de telles considérations doivent être abandonnées. Si nos yeux ne dorment pas, naturellement les rêves se dissipent. Si l’esprit ne crée pas la différence alors les dix mille choses sont ce qu’elles sont : Absolu, Unité. Comprendre cela, c’est se libérer de tout imbroglio. Quand toutes les choses sont vues avec équanimité, nous retournons à ce que nous avons toujours été. Comparaison et analogie ne sont plus de mise dans cet état sans cause ni effet. Examiner le mouvement dans l’immobilité, et l’immobilité dans le mouvement, alors mouvement et immobilité disparaissent. Quand de telles dualités cessent d’exister, l’Unité ne peut exister. Finalement, cela n’est régi par aucune loi ni par aucune règle.

L’esprit pacifié en accord avec la Voie arrête tout mouvement égocentrique. Le doute et les hésitations s’arrêtent et apparaît la confiance juste . D’un seul coup, nous voilà libérés du joug de l’esclavage ; plus rien ne s’attache à nous et nous ne sommes attachés à rien. Tout est vacuité, clarté, s’illuminant tout naturellement sans user de la puissance de l’esprit. A ce stade-là, pensées, sentiments, connaissance et imagination n’ont plus aucune valeur. Dans l’Ainsité, il n’y a plus de moi, il n’ y a plus de toi.

Pour entrer en harmonie avec cette réalité, il suffit de dire, lorsque survient le doute : " NON_DEUX ". Dans ce " NON_DEUX " rien n’est séparé, rien n’est exclu. Peu importe le moment ou le lieu, l’illumination veut dire que l’on a eu accès à cette vérité qui n’augmente ni ne diminue dans le temps et l’espace, si bien qu’une simple pensée équivaut à dix mille ans.

Vacuité ici, vacuité là-bas, qu’importe, l’univers infini est là devant nos yeux, à la fois infiniment grand et infiniment petit, aucune divergence, car toutes définitions sont caduques, il n’y a plus de limites. L’être devient NON_ETRE, comme le NON_ETRE devient être. Ne gaspillons pas notre temps dans le doute et dans des raisonnements sans fondement.

L’unité contient toutes choses, toutes choses en elles-mêmes sont UNITE. Si c’est ainsi, pourquoi se soucier de la NON_PERFECTION. Vivre dans la foi est la voie de la NON_DUALITE, parce que la NON_DUALITE est un avec l’esprit confiant. Paroles ! La Voie est au-delà du verbe, car elle ne contient ni passé, ni présent, ni futur.





 
 



Sunday, March 31, 2013

Le Secret du Kendo



Un jour, un jeune samouraï très fier vint voir un grand Maître de Kendo et lui demanda : "Quel est le secret de votre art?"




Le Maître prit calmement son bâton, le fit tournoyer et en asséna un grand coup sur le jeune homme ! 



Ce dernier eut sûrement le satori !

 D'apres "Zen at Arts Martiaux de Taisen Desshimaru

Wednesday, January 23, 2013

Histoire du Iaido - de Hayashizaki a Eishin.

Cet article fait suite au précédent relatif au fondateur Hayashizaki Jinsuke. Il couvre les Grands Maîtres de la deuxième à la sixième génération.
 
Tamiya Heibei Shigemasa (Narimasa), (fin des années 1500) 2ème génération

Vers la fin du 16ème siècle Tamiya Heibei naquit à Iwamarqatu, Joshu (de nos jours Gumma) dans la region du Kanto. Son nom complet était Tamiya Taira no Hyoe Narimasa et il le changea ultérieurement en Tsushima.

Après avoir étudié le Shinmei Muso To Ryu kenjutsu sous la direction de Toshimotsuke no Kami Moriharu, il devint le disciple de Hayashizaki Jinsuke. C'est grâce à ce dernier qu'il parvint à pénétrer l'essence et à acquérir la maîtrise du Shin Muso Hayashizaki Ryu : dégainer et couper dans la même action.


Les documents contemporains font état de son habilité quasi-divine en matière d'escrime, et que très probablement il faisait preuve des mêmes agilité et habilité que le fondateur du style.

Tamiya fonda le style Tamiya-Ryu de battojutsu. Les disciples qu'il forma ouvrirent un grand nombre d’écoles de Kenjutsu et battojutsu.

Nagano Muraku Nyodo Kinrosai, 3ème génération

Nagano Muraku Kinrosai fut le 3ème héritier du Hayashizaki Shinmei Muso Ryu. Il était également un disciple direct de Tamiya Hebei Shigemasa. De sa jeunesse on ne sait pratiquement rien, sinon que durant son enfance on l'appelait Jurozaemon.

Sa famille était apparentée à celle de Shinano no Kami, le samurai du chateau de Minowa à Joshu (de nos jours la Préfecture de Gumma). Au service de la famille Shinano, il monta jusqu'au rang de général . En 1542 le Clan Shinano tomba assiégé par les forces de Takeda Shingen  au cours d'une guerre qui dura 4 ans. Suite au démantèlement du clan Shinano par Takeda, Muraku partit à l'aventure pour améliorer son escrime, et trouver un employeur.
Le masque de Takeda Shingen


Il fut finalement recruté par Naomasa Ii, daimyo de Hikone (dans la préfecture de Shiga). Au service de Naomasa Ii, il recevait un salaire de 500 koku de riz par an. Des rumeurs circulent selon lesquelles Muraku se serait rendu dans les provinces du Nord, où aurait rencontré Hayashizaki Jinsuke, avec qui il aurait étudié l'escrime. Il aurait donc dans un premier temps pratiqué sous Hayashizaki. Il semble cependant plus probable qu'il ait principalement été formé à l’école de son senior, Tamiya Heibei Shigemasa. Il serait décédé à Hikone, à l'age de 90 ans. Bien que son habilité fut grande, il ne confia à aucun individu en particulier la tache de transmettre le style de Hayashizaki Jinsuke. Au contraire, et conformément aux usage d'alors, il partagea le fruit de sa vaste expérience avec plusieurs de ses disciples. Ceux-ci à leur tour créèrent leur propres lignées de transmission. Plusieurs de ces écoles fleurissent encore de nos jours.

Les lignées de Nagano Muraku se séparèrent en de multiples directions. Il enseignait le Muraku Ryu - style propre à sa famille ainsi que le Shin Muso Hayashizaki Ryu de Hayashizaki Jinsuke. Kamiizumi Magojiro Yoshitane transmit la tradition du Muraku Ryu. C'est cette branche qui hérita officiellement du Muraku Ryu et le transmit jusqu'au présent Soke. A la fin du 20ème siècle, le Muraku Ryu était dirigée par Sasamori Junzo (1886-1976), ancien membre de la Chambre des Pairs, (La Chambre haute du Parlement Japonais). Entre autres faits remarquables, celui-ci devint le Soke du Muraku Ryu, du Shin Muso Hayashizaki Ryu, du Ono-Ha Itto-Ryu et du Chokugen-Ryu de naginata-jutsu. Sasamori Junzo était un ardent pacifiste et il consacra sa vie à essayer de donner à l'art de l'escrime un rôle éducatif et de développement spirituel de l'individu. Il transmit le lignage des ces 4 koryu à son fils Sasamori Takemi.







Momo Gunbei no Jo Mitsushige, 4ème génération

Momo Gunbei Mitsushige fut le dernier disciple de Nagano Muraku Nyudo Kinrosai à recevoir complète transmission de son art. On ne sait pas grand'chose de sa vie si ce n'est qu'il transmit l'enseignement du Shin Muso Hayashizaki Ryu à la génération suivante.

Arikawa Shozaemon Munetsugu, 5ème génération

Arikawa était vassal de Toyotomi Hideyoshi (1536-1598). Et c'est à peu près tout ce qu'on sait de lui. Il apparaît pour la première fois dans les archives du 9ème Grand'Maître de la lignée de Hayashizaki.

Banno Danemon no Jo Nobusada, 6ème génération

Banno Danemon enseigna la méthode d'escrime de Hayashizaki à Edo, de nos jours Tokyo. Il est souvent considéré comme ayant eu la plus grande influence sur les Grand'Maîtres qui lui succédèrent. C'est à cette époque que les développements les plus importants du Iai se produisirent au Japon. L’introduction au Japon des armes à feu par les Portugais, avec coïncidant avec la fin du Sengoku Jidai - époque des Provinces Combattantes - amenèrent un changement significatif de l'architecture des sabres. Le gouvernement Tokugawa en légiféra la longueur et l'usage. Leurs lames furent raccourcies, et la courbure importante des Tachi fut diminuée.





Alors que la forme des armes continuait d’évoluer, la manière de les porter et de les utiliser évoluèrent également. Le sabre était à présent ceint au travers de l'obi (ceinture) avec son tranchant vers le haut. Ceci imposait de dégainer différemment.


Les adaptations nécessaires furent le fait de Hasegawa Chikaranosuke Hidenobu (Eishin), Grand Maître de la 7ème génération - dont nous parlerons dans un prochain article.




Saturday, January 19, 2013

Hayashizaki Jinsuke, fondateur du Iaido.



D’après la légende, Hayashizaki Jinsuke Minamoto no Shigenobu aurait vécu vers la fin de l’époque Muramachi, entre les années 1546 et 1621. En fait ses dates de naissances et décès restent mystérieuses. Il naquit dans le Nord Est du Japon à Tateoka Oshu, qu'on appelle à présent Murayami Shi dans le comté de Yamagata Ken. 

A l'age de 14 ans, suite au décès de son Père assassiné par d'autres samourai, il se rendit au village de Hayashizaki à Oshu. La légende raconte qu'a cet endroit il se cloitra dans le temple de Tenshinshi Hayashizaki Myojin pendant pres de 100 jours et il invoqua le kami (esprit) Hayashi Myojin pour obtenir l'inspiration divine. A cette occasion il reçut ce qui pour lui représentait le point de départ d'une nouvelle méthode d'escrime au sabre qu'il nomma Muso Ken (Le Sabre du Rêve)


Les annales de l’époque indiquent qu'un vieil homme gardien du sanctuaire lui révéla le secret de la victoire : il fallait utiliser un sabre à longue garde et le dégainer de manière à couper son adversaire dans le même mouvement.


Les technique combinant dégainage et coupe dans le même mouvement avaient déjà été pratiquées par d'autres écoles avant que Hayashizaki Jinsuke Shigenobu en reçoive la révélation dans le temple. Cependant lui-même et à sa suite ses disciples sont considérés comme les responsables du développement de cet art sur une échelle qu'aucun de leurs prédécesseurs n'avait jamais envisagé.



C'est pour cela que Hayashizaki Jinsuke est considéré comme le fondateur du Batto Jutsu – ou Iaijutsu.





Hayashizaki Jinsuke résida une bonne partie de sa vie dans la ville de Bushu. Il était comme fervent Shintoïste, offrant des prières et pratiquant d’austères rituels au sanctuaire local de Bushu. C'est la qu'il cultiva et perfectionna son style de combat et l'enseigna aux membres de sa famille. il appela ce nouvel art du sabre Hayashizaki Shinmei Muso Ryu. On y utilisait deux armes de différentes tailles, le long sabre – Tachi – mesurait 3.3 shaku (39.37 pouces - 100 cm), et le sabre court 9.5 sun (11.34 pouces - 29 cm).






Sa notoriété grandit et attira de nombreux pratiquants de Kenjutsu qui souhaitaient améliorer leur habilité et réputation. De nombreux sabreurs adoptèrent ses méthodes, s'en inspirèrent et mirent au point leurs propres méthodes de combat. Ses disciples enseignaient donc ainsi le Shinmei Muso Ryu ainsi que leurs méthodes personnelles. En 1616, à l'age d'environ 69 ans, et après avoir formé de très nombreux disciples, Hayashizaki Jinsuke se lança dans une Musha Shugyo de 4 ans (Intense et austère pèlerinage d'entrainement). dont il ne revint jamais.



En 1621, après sa mort, le sanctuaire de Hayashizaki Myojin fut érigé pour abriter sa dépouille. On peut toujours visiter ce sanctuaire situé à environ un kilomètre au Nord de la gare de Tateoka dans la ville de Murayama, dans la Province de Yamagata.





Au nombre des nombreux disciples de Hayashizaki citons Katayama Hoki no Kami Fujiwara no Hisayasu, foundateur du Hoki-Ryu , Sekiguchi Hachiroemon Jushin, fondateur du Sekiguchi-Ryu, et Takamatsu Nobukatsu, fondateur du Ichinomiya-Ryu. Chacun d'eux propagea son style personnel basé sur l'enseignement original de Hayashizaki Jinsuke.


Cet article est inspiré d'un article en anglais sur l'histoire du Iai de Tosa par Carl Long Sensei, 22eme Grand Maitre du Muso Jikiden Eishin Ryu - successeur de Masayuki Shimabukuro Hanshi, (1948 - 2012), lui meme successeur de Miura Takeyuki Hidefusa Hanshi ( 1922 - 2012)